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ne pas les féliciter de cette heureuse inconséquence. Mais qu’est-ce donc qu’une politique qui, à l’heure décisive, n’ose plus elle-même se formuler ? Quoi ! les grands « patriotes » écrivent tous les jours, en style épileptique, que la France est livrée à l’Angleterre, qu’il y a chez nous un parti anglais ! Et quand le moment est venu de parler haut et clair à la tribune, de dénoncer le prétendu complot et la prétendue trahison, les énergumènes reculent devant la responsabilité de leur propre folie ! Et ils se taisent soudain après avoir hurlé ! Quelle misère d’esprit ! Et quelle pauvreté morale !

Les socialistes, au contraire, ont saisi l’occasion d’affirmer avec éclat toute leur pensée. Comme ils ont toujours travaillé à apaiser les conflits entre les peuples, et particulièrement à prévenir tout choc entre l’Angleterre et la France, ils ont soutenu de leurs applaudissements tous les orateurs qui tenaient un langage de paix ; et le lendemain, élargissant et précisant aussi le problème. Vaillant et Fournière ont indiqué les mesures décisives qui peuvent écarter de nous, non pour un jour, mais à jamais, les périls de guerre. La conférence pour le désarmement va se réunir ; Vaillant a demandé que la France y proposât l’institution d’un arbitrage permanent entre les peuples, et sa proposition a recueilli deux cents voix : c’eût été une initiative à la fois glorieuse et utile. Vaillant a demandé