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est-il urgent que les prolétaires français et anglais s’émeuvent, s’organisent, pour dénoncer ensemble le péril.


« La Petite République » du jeudi 17 novembre 1898

Il importe que le prolétariat suive de très près les événements extérieurs. Nous venons de traverser une crise aiguë et d’échapper à un péril de guerre immédiat. Mais des obscurités menaçantes restent devant nous. En France, le parti de la guerre quand même paraît discrédité ; les nationalistes tapageurs et incohérents tombent tous les jours plus bas dans le mépris public, et bientôt sans doute leurs provocations imbéciles ne pourront plus compromettre la nation. D’autre part, la politique dangereuse de M. Hanotaux est percée à jour ; ce mégalomane avait cru pouvoir prendre l’Égypte à revers avec huit officiers et quatre-vingts Sénégalais ; il comptait, pour le succès de ses petites opérations sournoises, sur l’alliance russe et l’alliance abyssine : la France, maintenant avertie, désavoue cette politique occulte de taquineries sans dignité ; elle est résolue à discuter au plein jour avec l’Angleterre, sans mauvais vouloir systématique ; et on peut dire aujourd’hui, avec assurance, que ce n’est pas la France qui créera des périls de guerre ; la démocratie saura refouler le nationalisme clérical qui