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Guillaume II, allié du Sultan, la France s’est faite contre les Arméniens et les Grecs la complice de l’égorgeur Abd-ul-Hamid. Demain, pour organiser la guerre à l’Anglais, il faudra nous mettre décidément au service des ambitions lointaines de la Russie en Extrême Orient, et il faudra accepter avec Guillaume II une sorte d’entente cordiale, qui s’appliquera même à la politique intérieure. C’est là le rêve des réactionnaires français. Les cléricaux ne cachaient pas leurs sympathies pour l’Espagne contre les États-Unis, et leur victoire serait décisive s’ils pouvaient, au moyen de la guerre contre les Anglais, exalter le militarisme, s’ils pouvaient, par l’alliance russe et allemande, tuer l’esprit républicain ; ils savent bien que le jour où la France serait engagée dans une grande lutte contre la race anglo-saxonne, les états-majors à panache feraient la loi, les protestants et les juifs seraient dénoncés comme complices de l’hérétique Angleterre ; et comme on ne pourrait conserver « l’amitié » du tsar et de l’empereur qu’en faussant la République et en opprimant le prolétariat, la réaction, couvrant sa face d’un masque de patriotisme tragique, prêcherait servitude et folie à la foule, massée autour de la chaire de Didon et du tréteau de Déroulède.

Voilà ce que nous ne voulons pas. Voilà le péril que nous dénoncerons, malgré les clameurs des patriotes nortoniens. Et nous protesterons aussi, en bons Fran-