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raire que dans la pensée d’entraîner la France avec lui et de l’engager presque malgré elle en rouvrant la question d’Égypte. Enfin, il sera toujours permis de supposer que l’empereur Guillaume, sans se découvrir et sans se livrer à fond, soutient secrètement son grand ami de Constantinople ; et assurément, à l’heure décisive des règlements de compte, il essaierait de glisser en Égypte, sous le couvert de la suzeraineté turque, l’influence de l’Allemagne, alliée de la Turquie.

Donc, voici l’opération à laquelle nous convient les grands patriotes Rochefort et Millevoye : ils nous invitent à chasser l’Angleterre de l’Égypte, au prix des plus graves dangers, pour y installer à sa place une combinaison turco-allemande. On n’aurait jamais cru que M. Rochefort pût adopter à ce point la politique de M. Hanotaux, qu’il combattit si violemment. M. Hanotaux rêvait de rapprocher la France de l’Allemagne impériale pour faire échec à la puissance anglaise ; et c’est parce que les Arméniens étaient encouragés par les Anglais, c’est aussi parce que Guillaume II soutenait Abd-ul-Hamid, que M. Hanotaux a livré cent mille Arméniens au couteau des égorgeurs. Nos nationalistes rêvent-ils d’étendre à la question d’Égypte cette politique turco-allemande qui nous a déshonorés et perdus en Orient ?

La vérité est que toutes ces difficultés ne seront