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tôt ? Puisque la catholique Espagne est docile à votre parole, pourquoi ne l’avez-vous pas avertie qu’elle violait, à Cuba, depuis longtemps, toutes les règles de la justice et tous les droits de l’humanité ? Pourquoi avez-vous permis que, par les exactions de ses fonctionnaires et l’odieuse partialité de ses lois, elle réduisît les Cubains au désespoir et à la révolte ? Si vous aviez plus tôt prêché à l’Espagne la modération et l’équité, vous auriez prévenu le conflit qu’à cette heure il est presque impossible d’arrêter. Mais non : de même que vous avez laissé égorger les Arméniens sans un mot de protestation, vous avez laissé opprimer et spolier les Cubains. Vous vous êtes donc associée à tous les grands crimes de notre temps, et votre tardive et inutile intervention n’est qu’une grimace de pitié pour des victimes que vous-même, à l’heure décisive, vous ne disputerez point au bourreau. »

La vérité très affligeante et très inquiétante, c’est que nous sommes à la veille des conflits les plus brutaux et les plus vastes. L’Europe a raison de suivre avec inquiétude les événements. Il y a quelques mois, c’était le Japon qui tout à coup grandissait, et, quoique les puissances européennes aient profité de l’affaiblissement de la Chine pour s’annexer des ports et des territoires, il est visible que l’Asie monte ; stimulée à la fois par les ambitions conquérantes du Japon et par le capitalisme lui-même, l’énorme masse asiatique va en-