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imprudentes, — ce qui nous a diminués, ce n’est pas la croissance de l’Italie, ce n’est pas la constitution d’une Italie unie et affranchie ; ce qui nous a diminués, monsieur le président du conseil, c’est la politique contradictoire, tantôt révolutionnaire, tantôt contre-révolutionnaire de l’Empire, qui intervenait d’abord pour susciter l’espérance italienne, et ensuite pour l’écraser et l’humilier (Applaudissements à l’extrême gauche) n’ayant ainsi pour lui-même le bénéfice ni d’une politique ni de l’autre. Puisque vous avez réveillé ces souvenirs des nationalités, vous êtes, à l’heure actuelle, dans la question orientale, en train de commettre la même faute et de vous livrer à la même contradiction. Vous intervenez au profit du Sultan : mais vous savez bien, quels que soient vos efforts pour rester dans le concert européen, que vous ne pourrez pas intervenir contre la Crète et contre la Grèce d’une action aussi certaine, aussi délibérée que le veut l’empereur d’Allemagne, et vous n’aurez pas, dans le sens conservateur, le bénéfice de cette politique ; vous n’aurez pas non plus le bénéfice de la politique libérale, humaine qui eût consisté, sinon à aider, au moins à ne pas écraser sous le poids de la France une nationalité qui réclame son droit. (Applaudissements à l’extrême gauche. — Rumeurs au centre.)

Messieurs, j’ai démontré, malgré votre opposition,