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le peuple grec naissant, malgré cet esprit d’hostilité du concert européen contre la Grèce, peu à peu la force des choses, la force du droit, malgré M. de Villèle, malgré Metternich, malgré le tsar Nicolas, obligea les puissances européennes à briser dans la question grecque cette politique de la Sainte-Alliance et à aider à l’émancipation de la Grèce. J’ai le droit de dire que si la France de 1827 a pu échapper, sous la monarchie, à l’étreinte de la Sainte-Alliance, et, sans rompre le concert avec l’Europe, acheminer peu à peu le concert européen à une politique plus libérale et plus humaine, j’ai le droit de dire qu’il dépend de vous aujourd’hui, non pas de rompre le concert européen, mais d’y introduire la politique d’humanité et de liberté qui est nécessairement celle de la France.

Monsieur le ministre des Affaires étrangères, êtes-vous sûr qu’il vous serait impossible d’obtenir pour cette politique le consentement de la Russie elle-même ? Vous savez bien que tout le long de ce siècle la Russie a eu, à l’égard de la Grèce comme à l’égard de toutes les populations orientales, une double politique alternante : tantôt la Russie les écrase pour ne pas laisser s’éveiller les idées de liberté, et tantôt, au contraire, elle les encourage pour étendre sur elles son protectorat moral. Eh bien, à l’heure où l’on fait valoir devant nous, pour emporter nos décisions, le prix de l’alliance