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tentatives de liberté nationale du peuple grec opprimé, il y a eu un concert européen fortement organisé : c’était ce concert européen qui s’appelait la Sainte-Alliance. Et il est tout à fait inexact de prétendre — j’en demande pardon à mes collègues monarchistes de la droite — qu’à cette époque troublée la monarchie française ait pris généreusement la défense du peuple grec. Alors comme aujourd’hui le concert européen tout entier prenait parti contre le peuple grec naissant, et c’était seulement une opposition de gauche avec Benjamin Constant, ou une opposition de droite avec M. de Chateaubriand qui s’opposait à la politique turque du ministère Villèle. Et le ministère Villèle s’opposait à toute intervention généreuse de la France en faveur des Grecs soulevés, avec la même fermeté et au nom des mêmes principes, avec les mêmes paroles de paix que le ministère actuel oppose à une intervention bienveillante de la France au profit du peuple crétois. Alors il y avait aussi des massacres sur lesquels se faisait le silence ; alors aussi Benjamin Constant demandait à la majorité : « Voulez-vous que nous ajoutions le silence de l’opposition au silence de toutes les têtes qui ornent les murs du sérail ? »

Eh bien, malgré cette coalition, — et vous devinez bien la conclusion qu’annoncent mes paroles, — malgré cette coalition de toutes les puissances européennes, dominées alors par l’esprit de contre-révolution, contre