Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/502

Cette page a été validée par deux contributeurs.

accepter, messieurs, toutes ces mesures devant lesquelles, il y a un mois, auraient certainement reculé l’instinct de la Chambre tout entière et le sentiment du pays tout entier, que nous a-t-on dit ? On nous a dit que, si nous consentions directement ou indirectement, soit par l’annexion de la Crète à la Grèce, soit par une autonomie qui conduirait indirectement à cette annexion, si nous consentions à un agrandissement territorial ou politique de la Grèce, les autres peuples des Balkans réclameraient un agrandissement égal ; que toutes les convoitises seraient allumées à la fois dans l’Orient, et que les grandes puissances de l’Europe seraient obligées à leur tour d’entrer dans cette conflagration générale.

Messieurs, je ne conteste pas les rivalités qui en Orient opposent les différents éléments de la population balkanique. Tous ces peuples : Bulgares, Serbes, Grecs, savent que l’Orient de l’Europe peut être appelé à de hauts destins, et ils s’y essayent d’avance en s’efforçant de s’y marquer, de s’y retenir la place la plus large possible ; et il est certain qu’entre tous ces peuples il y a des rivalités qui pourraient être un péril. Mais M. le ministre des Affaires étrangères a reconnu lui-même à cette tribune la sagesse des populations balkaniques, et en vérité il est aisé de comprendre à quelles préoccupations obéissent à