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su prévenir les désordres et les troubles localisés pourtant dans cette petite partie de l’empire ottoman, vous vous flattez, avec la même politique, avec la même complaisance pour le même Sultan, de résoudre le problème !

Mais, monsieur le ministre des Affaires étrangères, vous avez, à l’heure actuelle, une grande faiblesse. Le Sultan, quoi que vous fassiez, ne vous croira pas. Il est habitué, depuis trois ans, à vous voir faire le silence sur ses opérations et ses massacres ; il est habitué, depuis trois ans, à vous voir plaider pour lui les circonstances atténuantes ; et il sait que, lorsque le Français qui nous représente à Constantinople demandait des mesures vigoureuses, énergiques, vous interveniez toujours pour faire dégénérer en simple procédure de paroles les actes qui auraient pu l’arrêter (Applaudissements à l’extrême gauche) ; par conséquent, demain, quand vous lui parlerez de réformes ; quand vous lui demanderez d’appliquer réellement à tout son empire les réformes que vous n’avez pas su lui imposer pour l’Arménie elle-même, ce Sultan se souviendra de la vanité de vos paroles passées, de la complaisance et de la complicité de votre attitude passée ; il se souviendra que vous avez, depuis trois ans, travaillé pour lui, et il ne dira qu’une fois de plus : « Il faut laisser passer l’orage » — et il aura d’autant plus raison de se le dire que vous, qui n’avez