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laissé égorger tous ces peuples, qui avez laissé les crimes se commettre (Exclamations au centre. — Applaudissements à l’extrême gauche), — c’est vous qui venez dénoncer le péril de guerre que vous-même avez créé. (Bruit.)

Pour la Crète, il y a quelques mois, à cette tribune même, M. le ministre des Affaires étrangères nous annonçait que la diplomatie avait réglé le différend, qu’il était intervenu entre toutes les puissances de l’Europe des transactions, un projet de réformes qui garantissaient la sécurité aux populations chrétiennes de l’île. Pourquoi donc, quelques mois après, dans cette île que vous déclariez pacifiée, les désordres ont-ils repris ? Pourquoi les fusillades, pourquoi les incendies, pourquoi les meurtres ? Parce que du projet de réformes dont vous nous aviez annoncé le vote, aucune puissance n’a surveillé l’application et l’exécution. Et c’est parce que le Sultan, que vous avez encouragé de votre complaisance, a tout fait pour paralyser l’exécution des réformes, que les Crétois ont été acculés à ce soulèvement, et que l’intervention de la Grèce s’est produite. Ce qui a fait à l’heure actuelle le péril crétois, le péril de guerre, c’est précisément que les réformes annoncées il y a plusieurs mois par M. le ministre des Affaires étrangères n’ont pas été appliquées ; et je m’étonne que l’on reproche aujourd’hui à la Grèce son intervention, alors qu’on a rendu, par tous ces atermoiements