Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/483

Cette page a été validée par deux contributeurs.

déférer au vœu de M. le président, de retirer la parole qui exprimait ma pensée, il y a longtemps que je l’eusse fait. (Très bien ! à l’extrême gauche. — Rumeurs au centre et à droite.)

Quelle est donc la solution que vous pouvez et que vous devez donner à ce problème poignant ? Il y en a trois, messieurs.

Ou bien le statu quo, les vaines admonestations se succédant les unes aux autres, et le Sultan ajournant toujours les réformes, parce qu’il est toujours convaincu que sous l’apparent accord de l’Europe se cachent toutes les jalousies et tous les dissentiments. — Il y a une autre solution, que vous avez paru indiquer, monsieur le ministre des Affaires étrangères. C’est une sorte de concert européen où la politique russe donnerait la direction. J’ai dit, tout à l’heure, pour quelles raisons cette solution me paraissait imprudente et fâcheuse. — Il y en a une troisième.

Puisque l’Europe a montré son incapacité d’agir, puisqu’elle a été paralysée par toutes les jalousies et toutes les convoitises, à ce point qu’elle a laissé s’accomplir à sa porte un meurtre épouvantable sans remuer la main pour le prévenir, c’est de constater devant les travailleurs du monde entier cette faillite de la vieille Europe gouvernementale. (Vifs applaudissements à l’extrême gauche.) Oui ! vous n’êtes même plus, gouvernements divisés de nations antagonistes, capables