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jeu de la révolution et de l’indépendance ; elle s’est aperçue que la Pologne, malgré les prodigieuses saignées périodiques pratiquées sur elle, et aussi malgré son système de police qui a été prolongé par notre gouvernement jusque sur la colonie polonaise de France… (Applaudissements à l’extrême gauche. — Réclamations au centre et à droite)… elle s’est aperçue que la Pologne avait gardé toute sa foi, et qu’il s’était produit dans les grands faubourgs de ses villes industrielles une fusion de l’idée nationale et de l’idée socialiste qui devenait inquiétante pour l’avenir (Nouvelles rumeurs au centre et à droite) ; et surtout, elle s’est aperçue, après le traité de Berlin, que la nationalité bulgare, émancipée par elle, ne prétendait pas passer du joug turc sous le joug russe. Et alors, voilà le secret de toutes ses préoccupations et de toute son attitude dans la question arménienne. (Protestations au centre et à droite.)

Il y a deux périodes dans cette question : la première va des massacres de Sassoun jusqu’aux premiers massacres de Constantinople en novembre 1895, et la seconde, de cette époque jusqu’à aujourd’hui. Eh bien ! dans ces deux périodes, la Russie n’a eu qu’une préoccupation. Le prince Lobanoff, quand les ambassadeurs des autres puissances le pressaient de se joindre à eux pour une énergique action commune sur le Sultan, lorsqu’il s’agissait, à la veille des plus