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ment — il l’espérait — au concert européen une base d’action et d’intervention dans la question arménienne. Nous avons donc d’autant plus le droit, et vous me permettrez bien de dire l’obligation stricte, de chercher avec une sincérité parfaite quelle a été jusqu’ici, depuis trois ans, dans la question arménienne, le rôle de la Russie ; il le faut d’autant plus, messieurs, que, comme je le montrerai tout à l’heure, — et ce sera là la responsabilité propre du gouvernement français, — la France n’a pas eu d’autre politique en Asie Mineure que la politique de la Russie elle-même ; et ce n’est pas ma faute si je suis obligé de deviner péniblement la figure de la France à travers la politique de la Russie. (Applaudissements à l’extrême gauche et sur divers bancs à gauche.)

Eh bien, messieurs, il n’est point malaisé, malgré son apparente complexité, de démêler et de fixer en quelques mots la politique de la Russie en Orient. De même que la maison de Savoie a utilisé en Italie, pour son agrandissement, le mouvement révolutionnaire italien, sauf à le réprimer après la victoire ; de même qu’en Allemagne M. de Bismarck, pour assurer l’hégémonie de la Prusse, a caressé un moment la révolution allemande et fondé le suffrage universel, sauf à persécuter ensuite cette révolution allemande, après qu’elle eut servi d’instrument à la maison de Hohenzollern ; de même, messieurs, depuis un siècle, la