Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/461

Cette page a été validée par deux contributeurs.

espérance nationale, quand il faudra bientôt amortir les vibrations de la conscience populaire ! La diplomatie de nos gouvernants s’achemine à la même banqueroute que leur politique intérieure.

Et il nous importerait peu, si la France n’usait, en ces chemins sans issue, la force nouvelle d’espérance et d’action qui la soulève. Elle ne veut point de la guerre, et ce n’est pas d’elle que viendront les provocations. Mais elle veut s’affirmer dans le monde avec toute sa force et tout son droit. Et ce ne sont ni nos gouvernants ni les sympathies de la Russie qui lui restitueront sa grandeur et son vrai rôle dans le monde. Aveugle qui ne voit pas que le socialisme seul, sans guerre aventureuse et meurtrière, peut rendre à la France toute sa puissance de rayonnement et d’action ! C’est nous, nous seuls qui sommes les vrais nationalistes, car nous seuls pouvons fonder l’unité profonde de la nation. Ne voyez-vous pas que sous l’éclat superficiel des fêtes et la trêve passagère des partis elle reste nécessairement divisée contre elle-même ? Ne voyez-vous pas qu’elle sera coupée en classes antagonistes, c’est-à-dire en consciences antagonistes, tant que le travail et la propriété ne seront pas confondus ? Ceux qui préparent cette unification de la France par un nouveau régime social lui préparent par là même une force incomparable. Et si la République parlementaire a obligé enfin un tsar autocrate à la reconnaître et à la saluer, com-