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assure, un peuple très décent, très assagi, et auquel il ne manque guère qu’un roi pour être irréprochable. » Oh ! nationalistes prétendus qui nous parlez des énergies spontanées et profondes de notre France comme si nous voulions les amortir, c’est vous qui les redoutez, même quand elles s’égarent avec vous !

Et au lendemain de ces fêtes où les conservateurs voudraient que le peuple républicain marchât sur le pavé de Paris comme sur le parquet d’une antichambre royale, quelle garantie nouvelle de sécurité aura la France ? Où sera le traité précis, loyal, public, assurant notre frontière contre la surprise d’une invasion ? Brousse le demandait ici même l’autre jour, et assurément tout le peuple patriote adresse au gouvernement la même question. Il n’y aura pas de réponse, et on ne pourra pas montrer de traité parce qu’il n’y en a pas, parce que le tsar ne laisse pas traîner chez nous sa signature ; ou, s’il y en a un, le gouvernement ne pourra pas le montrer aux patriotes les plus exaltés, à ceux qui ne conçoivent le relèvement de la France que par une revanche militaire, car ce traité avec le tsar russe ne peut être qu’un traité de statu quo consacrant définitivement le traité de Francfort et le démembrement de la France. Que la Ligue des Patriotes le demande à un des siens, à un député français, un des plus sincères assurément et des plus fervents nationalistes ; il a été reçu par le tsar Alexandre III, au