Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/434

Cette page a été validée par deux contributeurs.

nous vous demandons, non seulement d’entrer dans cet esprit du recrutement régional, mais d’en faire, autant que possible, un recrutement cantonal et communal… (Rumeurs sur divers bancs. — Applaudissements à l’extrême gauche)… de faire, le plus possible, que notre armée soit l’image superposable du pays lui-même, de façon à perdre le moins de temps et à rompre le moins possible le lien qui doit attacher l’armée à la nation elle-même.

Ah ! je le sais bien, vous allez nous apporter des objections d’ordre technique qui ont été opposées à toutes les transformations opérées antérieurement dans l’armée. Mais ce ne sont pas là les vraies raisons : c’est en réalité devant des raisons sociales et politiques que l’on hésite. Si l’on ne veut pas rapprocher l’armée de la nation, si l’on ne veut pas organiser un système de recrutement et d’éducation militaires qui respecte le plus possible le citoyen et le producteur dans le soldat, c’est parce que l’on n’est pas résolu inflexiblement à pratiquer envers la démocratie laborieuse, envers les classes ouvrière et paysanne, une politique généreuse qui prévienne à jamais toutes les difficultés et tous les conflits.

Je le sais bien, vous nous direz aussi qu’en répandant ainsi l’armée dans la nation, nous risquons que l’armée soit envahie par la politique. Mais n’en fait-elle pas maintenant ? Et, tout d’abord, cette grande