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fusil au poing et le grand éclair de la Marseillaise dans les yeux.

Et nous aussi, socialistes français, nous voulons préparer l’union de tous les travailleurs du monde, pour protéger et émanciper le travail, pour l’acheminer à la conquête progressive du capital industriel. Nous le voulons, parce que les grands mouvements économiques et sociaux ne peuvent s’accomplir sans péril dans l’intérieur d’un seul pays, parce que la journée de huit heures, par exemple, doit être réalisée à peu près en même temps dans tous les grands pays industriels, parce qu’un peuple qui marche vers l’avenir ne doit pas s’isoler de l’humanité. Mais en même temps, si notre pays était menacé par une coalition de despotes ou par l’emportement brutal d’un peuple cupide, nous serions des premiers à la frontière pour défendre la France dont le sang coule dans nos veines et dont le fier génie est ce qu’il y a de meilleur en nous. Qu’on cesse donc d’opposer internationalisme et patriotisme, car, dans les esprits un peu étendus et dans les consciences un peu hautes, ces deux choses se concilient.

Mais on essaie, et c’est ici que la perfidie s’aggrave, d’exploiter contre nous les susceptibilités douloureuses de la défaite, et, parce que les socialistes français ont tendu la main, en plusieurs congrès, aux socialistes allemands, on nous calomnie. Certes, ces susceptibi-