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fréquentent l’école jusqu’à l’âge de treize ou de quatorze ans tout l’enseignement auquel ils ont droit, et cela faute de maîtres suffisamment éclairés, faute, peut-être aussi, d’ambition suffisante de la part de la démocratie pour l’avenir des classes laborieuses.

Messieurs, faites un seul instant ce parallèle : voyez l’enfant de la bourgeoisie qui sort de nos lycées, s’il le veut, vers l’âge de quatorze ans. Il connaît ou il peut connaître les lois les plus générales du monde physique, les principaux organes de la vie et leur fonctionnement ; il connaît les grands traits de l’histoire de France et même les grands traits de la civilisation humaine. Il connaît les noms et l’histoire sommaire des grands hommes qui ont honoré l’humanité. Il a été formé au sentiment de l’art, et il a pu goûter et comprendre la beauté simple et grande des chefs-d’œuvre, depuis l’Odyssée — dans la traduction, bien entendu — jusqu’aux chœurs d’Athalie, jusqu’aux Feuilles d’automne.

Mettez en face la masse des enfants du peuple qui sortent de l’école à treize ou quatorze ans. Oh ! messieurs, je ne réclame pas pour eux la même culture sous la même forme, mais je ne sais pas en vertu de quel préjugé nous leur refuserions une culture équivalente. (Très bien ! très bien ! à gauche.)

Lorsqu’on voit que l’éducation des enfants de la