Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/376

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ouvriers la liberté de s’associer, de se syndiquer ; et ils pourront, quand ils auront obtenu la réduction des heures de travail, défendre leurs salaires. Quelle garantie avons-nous que vos ouvriers pourront défendre les leurs et que nous ne serons pas dupes ? Les ouvriers allemands sont soumis, sous le nom de socialistes, à un régime d’exception. Il faut qu’au préalable le régime d’exception disparaisse. Il ne pourra y avoir entre tous les ouvriers de l’Europe une certaine communauté de régime social que s’il y a en même temps une certaine égalité de conditions politiques. Vous voulez que les nations cessent, par une concurrence effrénée, d’empirer sans cesse la situation des travailleurs ; vous voulez que, d’un bout à l’autre du travail européen, il s’établisse un certain équilibre normal et humain des salaires ? Eh bien ! soit. Mais pour cela, il faut que, d’un bout à l’autre de l’Europe, les travailleurs puissent s’entendre, se fédérer. Nous avons accueilli l’année dernière, à Paris, un Congrès ouvrier international ; nous sommes prêts à abolir les lois rétrogrades de 1871 contre l’Internationale ; êtes-vous prêts à en faire autant ? » — Ah ! si la France était allée à Berlin tenir ce langage, elle eût pris la tête du mouvement d’espérance et de justice qui travaille les sociétés ; elle eût retrouvé l’universalité d’action que lui avait donnée un moment la Révolution française ; cette Révolution eût été en quelque sorte présente une fois de plus à Berlin même,