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pendance et de leur autorité morale, nous risquons de décourager le personnel enseignant, et, par suite, d’amoindrir, d’arrêter le mouvement de l’enseignement primaire, qui est, à l’heure présente, si vous y réfléchissez bien, la seule richesse du peuple.

Il le faut d’autant moins que jamais les circonstances politiques et sociales n’ont fait au parti républicain un devoir plus impérieux de pousser à fond l’enseignement populaire. (Très bien ! très bien ! à gauche.)

Quand je songe aux périls que peut encore courir dans ce pays la liberté, aux évolutions inévitables et prochaines du monde du travail, aux devoirs d’une démocratie libre, qui doit faire une élite humaine des multitudes elles-mêmes… (Très bien ! très bien ! sur les mêmes bancs), je ne puis m’empêcher de trouver que l’enseignement du peuple est encore dans notre pays à l’état d’ébauche et de rudiment.

Et ce n’est pas seulement parce que la fréquentation des écoles est insuffisante, malgré la fiction de l’obligation ; ce n’est pas seulement parce que le nombre des écoles primaires supérieures est encore presque dérisoire ; ce n’est pas parce qu’il y a un grand nombre d’écoles où un seul instituteur a à sa charge, comme M. le rapporteur l’indique dans son substantiel rapport, jusqu’à soixante-dix et quatre-vingts élèves. Non ! c’est parce que nous ne donnons pas aux enfants qui