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Quelle doit donc être l’attitude de la France ? Elle doit, elle aussi, porter à son plus haut degré sa puissance défensive, être toujours prête, de fait et de cœur, comme si la guerre devait éclater demain, et, en même temps, ne point s’exagérer ces périls de guerre, et reprendre avec une confiance réfléchie son travail agricole, commercial et industriel. Voilà pour son attitude morale.

Au point de vue diplomatique, notre premier devoir est de ne nous faire aucune illusion sur l’état des alliances. J’ignore quel sera le contre-coup de la publication du traité austro-allemand sur les relations de la Russie et de la France ; mais, aujourd’hui, il ne faut point se lasser de dire au pays que non seulement il n’y a pas d’alliance ferme entre la France et la Russie, mais qu’il n’y a même pas un commencement, une préparation d’alliance. En tout cas, si une entente effective se produisait, elle ne devrait avoir qu’un caractère strictement défensif. Il y a dans la politique russe des poussées obscures que nous ne connaissons pas et auxquelles nous ne pouvons pas nous associer ; nous n’avons pas le droit de jeter la France dans la question bulgare. On ne traite que sur la base d’intérêts communs ; or, nous n’avons qu’un intérêt commun avec la Russie : ne pas être surpris par une attaque combinée de l’Autriche et de l’Allemagne. Cette attaque est plus qu’improbable : c’est dire que l’alliance défensive de la