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au nom d’une autre vie, obtenir dans celle-ci, de tous ceux qui travaillent et qui souffrent, le renoncement, la résignation passive, au profit des puissants et des heureux ; le sublime espoir d’immortalité dont elle avait la tradition, elle l’a mis au service de tous les despotismes et de tous les égoïsmes. Si la porte de l’infini, comme je le crois, s’ouvre aux âmes derrière la mort, il ne faut point qu’elles s’y présentent obscures, pesantes et humiliées, avec des guenilles d’esclaves, mais libres, fières, joyeuses, rayonnantes de l’œuvre de justice commencée ici. Nous ne voulons point que par la promesse d’une réparation on fasse accepter au peuple, dans la société des vivants, l’iniquité et la misère indéfinies, et c’est parce que l’Église s’est faite le centre et le point d’appui de tous les privilèges que nous voulons, sans colère mais sans hésitation, abolir les privilèges de l’Église elle-même et préparer ainsi la ruine des autres privilèges.

Il y a une autre personne de qualité qui tient fort à cœur au comte de Lanjuinais, au baron Reille et à leurs amis : c’est madame la Richesse. Quoi ! envoyer à la caserne, tout comme les autres, ceux qui ont beaucoup d’écus ! Ne suffit-il point que, comme M. Benoîton dans la comédie de M. Sardou, ils donnent l’exemple de la fortune ? Autrefois, il y avait le remplacement ; avec un peu d’argent, on se dispensait de tout service. Les