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Après tout, Saint-Cyr n’est pas, il s’en faut, une haute école scientifique ; et puisqu’il ne fournit pas à nos années modernes, qui ont tant besoin de science, une véritable élite d’officiers savants, il se peut qu’il ne rachète point suffisamment, par une supériorité de culture, certain esprit d’aristocratie dédaigneuse, d’opposition sourde, ou, tout au moins, d’isolement politique.

En est-il de même de l’École polytechnique ? On comprend très bien, en ce point, la résistance opposée au ministre de la guerre par la commission de l’armée. Le général Boulanger dit : La haute culture scientifique que donne cette École n’est point nécessaire aux officiers d’artillerie pour la pratique de leur métier. L’École ne doit donc plus former que des ingénieurs soit civils, soit militaires : ceux-ci seront chargés de tous les travaux de fortification et d’armement ; ils seront la science et le progrès ; quant aux officiers de n’importe quelle arme, de l’artillerie et du génie comme de l’infanterie, ils n’auront qu’à appliquer les méthodes, qu’à utiliser les inventions que d’autres auront produites pour eux. Ainsi, d’une part, il y aura égalité entre toutes les armes ; d’autre part, la tâche de chacun sera mieux définie. Le rôle double et ambigu de l’officier d’artillerie, qui est à la fois un savant et un combattant, sera décomposé en deux : il y aura, d’un côté, des ingénieurs militaires, qui ne seront que