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alors qu’il pourra y avoir un enseignement moral s’appuyant sur la réalité elle-même.

Or, aujourd’hui, le seul moyen pour les maîtres d’enseigner cette haute morale dont je parle, c’est d’être libres de pressentir, de prévoir, de préparer cet état social nouveau. Et savez-vous pourquoi j’ai déploré les mesures de rigueur et de disgrâce dont certains instituteurs suspects de sympathies socialistes ont été l’objet ? C’est parce que, si vous persévériez dans cette voie, vous rendriez impossible tout enseignement ardent et vivant dans les écoles du peuple, vous prépareriez une sorte de divorce moral profond entre le peuple ouvrier et ses maîtres ; et c’est alors vous qui, en déconsidérant, en stérilisant l’école laïque, l’auriez livrée à la tactique pontificale.

Je conclus en disant que c’est au contraire par l’affirmation d’une politique générale énergique que vous sauveriez du découragement et de la crise qui le menace notre enseignement public.

M. de Lanjuinais disait tout à l’heure qu’on avait dépensé, gaspillé même des millions ; et M. de Lasteyrie paraissait dire qu’on était allé bien loin, bien loin ! Mais vous êtes à peine au commencement de l’enseignement du peuple ! Est-ce que vous ne savez pas que même votre loi de l’obligation n’est et ne peut être encore qu’une fiction ? Vous savez bien — et je l’ai