Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/296

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Eh bien ! messieurs, je dis que, d’abord, en pratiquant hardiment cette politique socialiste, vous grouperez autour de la République, autour de l’œuvre républicaine et laïque déjà accomplie, ces volontés populaires qui seules vous permettront de faire équilibre à cette puissance patiente et organisée qui s’appelle l’Église. En second lieu, à mesure que vous accomplirez ces réformes sociales profondes, vous acclimaterez à un ordre nouveau cette partie flottante de la bourgeoisie qui n’a pas des intérêts de classe compacts ou qui a une générosité supérieure à ses intérêts, et vous diminuerez ainsi tout au moins ces terreurs funestes qui multiplient les chances de réaction. Enfin, messieurs, vous permettrez par là à notre enseignement laïque d’avoir toute la hauteur et toute l’efficacité qu’il ne peut pas avoir aujourd’hui.

Et pourquoi ne peut-il pas l’avoir ? Pourquoi, malgré le zèle des maîtres, malgré leur dévouement et leur culture, l’enseignement moral qui résulte de tout l’ensemble de notre enseignement primaire n’a-t-il pas la hauteur ni l’efficacité qui conviennent ? Parce qu’on ne peut enseigner une morale, j’entends une direction générale et supérieure de la vie, sans un point d’appui dans la réalité contemporaine.

Dans la forme de société qui a précédé la nôtre, il y avait au moins concordance entre les idées et les faits,