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maintenir un certain accord d’opinions, au moins apparent, entre les maîtres et les familles, je défie qu’on réponde à la question suivante : Il y a des écoles primaires publiques dans les villes ouvrières ; là les familles sont socialistes ; à côté de l’école publique il y a des écoles congréganistes qui gardent encore, en vertu de la force acquise et par l’action très puissante des femmes, beaucoup d’élèves ; il est certain que si les ouvriers ont une sympathie très vive pour l’instituteur laïque, peu à peu les écoles congréganistes se videront ; il est clair aussi que de franches et loyales convictions socialistes chez l’instituteur lui vaudront les sympathies ouvrières ; là il y a donc intérêt pour le recrutement même de nos écoles à permettre à l’instituteur de parler et d’agir en socialiste. Je le demande au ministre de l’instruction publique : y est-il disposé ?

La vérité, et je conte ce que j’ai vu, c’est que, de plus en plus, dans les centres ouvriers et socialistes, on obligera les instituteurs à combattre le socialisme, au risque de créer, et en vertu d’une consigne, un malentendu irréparable entre les maîtres du peuple et le peuple même.

Qu’on n’essaie donc pas de couvrir par de fausses raisons d’intérêt universitaire les basses œuvres préfectorales dont le ministère de l’instruction publique se fait contre l’Université elle-même l’instrument humilié. Et si, contrairement à toute prévision, une