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action diverse et concordante qui, hors du Parlement et dans le Parlement, dans les discussions budgétaires comme dans les grèves, va toujours au même but, il est peut-être un peu frivole de parler de rhétorique. En tout cas, dans l’œuvre multiple de propagande, de polémique, de groupement, de combat qu’il poursuit sur tous les points du pays, le socialisme ne prend guère le temps d’orner sa parole. C’est dans sa passion qu’est tout le secret de sa rhétorique.

J’ai observé, quand on nous traite de rhéteurs, qu’on entend par là nous signifier deux choses. On nous signifie d’abord qu’on n’est pas de notre avis, et il est vrai. On nous signifie aussi que nous ramenons d’habitude les faits particuliers aux questions générales dont ils ne sont que des cas. C’est ce que nous avons fait, Thierry Cazes et moi, dans la question sur l’Université : avions-nous tort ? M. Sarcey veut traiter la question « familièrement ». C’est son droit ; mais qu’il y prenne garde : il y a une rhétorique de la familiarité. On peut, très familièrement, passer à côté de la question, et la bonhomie n’exclut pas toujours le sophisme. M. Sarcey s’imagine qu’avec quelques comparaisons très « familières » il donnera à ses solutions l’autorité irrésistible du bon sens, et quand il a assimilé le professeur qui se mêle de politique au cordonnier qui réclamerait le droit de gâter une paire de bottes sous prétexte de sauver la patrie, il n’y a plus, semble-t-il,