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économique, quand vous ne les obligez pas à avoir une orthodoxie métaphysique. Et alors, permettez-moi ce simple mot : Tout ce que l’Université ne fera pas dans l’œuvre de propagande sociale, tout ce qu’elle perdra d’influence morale sur le peuple, lorsque vous aurez coupé toutes ses communications avec le peuple ouvrier, savez-vous qui le gagnera ? Vous croyez que c’est la République gouvernementale ? Vous vous trompez ; et si vous preniez garde à bien des symptômes qui se multiplient autour de nous, vous verriez que c’est nous qui, en voulant maintenir la communication entre l’Université et le peuple ouvrier ou paysan, sommes les véritables gardiens de l’État laïque et de l’idée républicaine.

Ah ! vous nous tenez pour des suspects, vous voulez empêcher les professeurs ou d’exprimer leurs conceptions sociales, ou de se mêler à la propagande socialiste ; mais d’autres vont parmi la jeunesse, parmi la démocratie, pour affirmer, sans que le gouvernement les gêne, leurs conceptions et leurs principes. Il y a un an, à la Saint-Charlemagne, dans un des beaux lycées de Paris, le lycée Saint-Louis, vous avez permis à un homme, — je ne m’en plains pas, j’admire et l’ardeur de son esprit et la beauté de son talent, mais je signale la différence des attitudes, — vous avez permis au père Didon d’affirmer l’esprit nouveau, la réconciliation nécessaire de la République et de la