Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/231

Cette page a été validée par deux contributeurs.

dire cela au recteur actuel de l’Académie de Bordeaux, un de vos plus érudits recteurs, M. Couat ! Lorsque, il y a quelques années, professeur à la Faculté de Bordeaux, il fut entre temps adjoint au maire, il suscitait de très vives polémiques, et il disait : « Cela ne fait point de mal à l’Université que ceux qui travaillent pour elle travaillent en dehors d’elle, pour propager les idées de liberté et de progrès ! » Voilà ce que seraient obligés de vous dire vos collaborateurs principaux.

Et votre directeur de l’enseignement primaire, n’est-ce pas son honneur, que, par la longue propagande de rationalisme qu’il a menée, par l’affirmation vigoureuse de l’idée laïque, qu’il poursuivait bien avant de prendre la direction de l’enseignement primaire, n’est-ce pas son honneur d’avoir attiré contre lui la haine implacable de tout le parti clérical ? Allez-vous lui reprocher d’avoir licencié une partie de la clientèle possible des écoles primaires ?

Que répondrez-vous à ces hommes lorsqu’ils vous diront : « Ce que vous voulez interdire aux professeurs d’aujourd’hui, nous le faisions hier, et nous nous faisons honneur de l’avoir fait » ?

M. le ministre de l’Instruction publique devrait également, sur un autre point, pousser la franchise jusqu’au dépôt d’une nouvelle proposition de loi. Il a dit — et c’est la première fois peut-être qu’un pareil