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société. (Vif assentiment à gauche.) Est-ce à dire que les familles, qui sont, après tout, cette partie de la société qui a l’intérêt le plus direct dans l’éducation des enfants, ne doivent pas être entendues ? Est-ce à dire qu’il n’est pas utile, même au point de vue social, de tourner au profit de tous leur sollicitude passionnée pour quelques-uns ? Oui, à condition que, dans ce métier d’éducateur, où la tendresse ne suffit pas, elles fassent leur apprentissage et leurs preuves ; or, à l’avenir, les programmes seront discutés bien loin des familles, tout contrôle leur échappera, et même jusqu’à la pensée d’en exercer un.

Le peuple sera obligé de subir passivement pour ses fils un enseignement qu’il n’aura pas préparé, comme la bourgeoisie a subi passivement depuis un siècle un enseignement qui avait été réglé sans elle. Laissez, au contraire, à quelques municipalités la gestion de quelques écoles indépendantes, et les municipalités mettront tous les jours les familles en face des problèmes de l’éducation. J’espère bien, lorsque l’école républicaine aura porté ses premiers fruits, que les travailleurs, les vrais, arriveront en grand nombre dans les conseils locaux, et là ils diront, si vous leur en donnez la tentation avec le droit, quelle est la partie de l’enseignement autrefois reçue par eux qui leur a été le plus utile ; ils vous diront ce qui a le plus servi, à l’épreuve : ou la connaissance précise de quelques règles tech-