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le maître répétiteur, à respecter en lui un élu d’une cité libre.

Est-ce qu’on osera produire ici une pareille objection ? Mais c’est l’objection de la réaction elle-même ! La loi militaire a été longtemps discutée dans cette enceinte ; toute la gauche, tous les républicains demandaient que le fils de famille, que le fils du riche, que le fils du grand industriel et du grand propriétaire entrât au régiment aux mêmes conditions que le fils de l’ouvrier ou du paysan ; et que disait la réaction monarchique ou cléricale, qui s’appelait alors la réaction militaire ? Elle disait : Vous allez créer un paradoxe, vous allez créer une contradiction scandaleuse entre la hiérarchie normale de l’état social et la hiérarchie nouvelle de ce nouvel état social. — Je dis que, lorsqu’on a proposé à ce pays, notamment à la Chambre de 1885, la loi militaire qui soumettait aux mêmes règles, au même niveau, aux mêmes conditions d’avancement, à la même discipline, les fils de la haute bourgeoisie ou de l’aristocratie et les fils du peuple, l’ouvrier et le paysan, il s’est trouvé dans certains partis des hommes qui soutenaient qu’il en résulterait une contradiction entre l’état social et la condition militaire. Je dis que j’ai entendu se produire à cette époque cet argument, que, par le nouveau régime militaire, un châtelain, par exemple, pouvait devenir au régiment le subordonné de son valet de ferme. Et j’ai lieu d’être surpris que