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un certain nombre d’incompatibilités ; mais elle ne parle pas d’incompatibilité entre les fonctions d’éducateur public et l’exercice d’un mandat politique.

Non, on n’a pas osé dire à ceux qui sont chargés d’enseigner aux générations nouvelles les droits des citoyens, qu’ils devaient eux-mêmes en être privés. On n’a pas osé dire à ceux qui sont chargés de réagir avant tout contre les tentations de scepticisme ou d’indifférence qui seraient la mort d’une démocratie libre, qu’ils devaient se renfermer dans le scepticisme ou dans l’indifférence. La loi n’a pas dit cela ; elle a dit aux maîtres de l’enseignement public : « Vous avez le droit de rester des citoyens qui votent ; vous avez le droit aussi d’être des citoyens militants qui sollicitent sur leurs noms, leurs opinions, leur doctrine, les libres suffrages de leurs concitoyens. » Et lorsqu’un ministre dit que l’exercice de ce droit est plein de périls et que la loi s’oppose à l’entrée d’un professeur dans la vie politique, ce ministre abroge, sans oser le dire, la loi électorale ; il l’abroge de sa propre autorité. Il crée contre les éducateurs de l’enfance et de la jeunesse une incompatibilité que la loi n’a pas établie.

Et quelles sont vos raisons, monsieur le ministre ?

Vous en avez donné deux. Vous avez dit d’abord — et, je l’avoue, dans votre bouche, cette parole m’a