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le Parlement — allez-vous leur permettre de se concerter entre eux, publiquement et au grand jour, bien entendu, pour faire parvenir par leurs chefs hiérarchiques une formule générale et commune de réclamations et de pétitions ?

Pourquoi chicaner aux membres du corps enseignant le droit de s’adresser directement au Parlement ? Est-ce qu’ils en abusent ? Craignez-vous, de la part de ces professeurs de lycées, qui pèchent actuellement, sachez-le bien, bien plus par excès de prudence et de réserve dans l’expression de leurs griefs, craignez-vous de leur part je ne sais quel esprit de pétulance et d’indiscrétion ? Les empêcherez-vous, d’ailleurs, d’adresser des pétitions à différents membres du Parlement ? C’est une mesure clandestine qui ne serait digne ni d’eux ni de vous.

Pourquoi ne leur permettez-vous pas de s’adresser directement à la représentation nationale, qui fait les lois sous le contrôle desquelles ils sont appelés à vivre ? Messieurs, il faut s’habituer à ces choses. Il n’y a plus de pouvoir infaillible, il n’y a plus de lois infaillibles ; il n’y a plus, par conséquent, d’administration infaillible. Les citoyens obéissent aux lois, mais ils ont perpétuellement le droit de les contrôler et de les reviser. Vos fonctionnaires obéiront consciencieusement à leurs devoirs professionnels, à la hiérarchie nécessaire, même si vous leur laissez le droit de saisir