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LA QUESTION RELIGIEUSE

« La Dépêche » du lundi 4 Juillet 1892

Il est difficile de toucher, dans un journal, aux questions religieuses, car on est presque toujours mal compris. Si l’on combat les prétentions de l’Église, et son principe même, qui est l’autorité, on est accusé d’être un sectaire, de vouloir détruire, même par la violence, « la religion ». Et, d’un autre côté, si l’on déclare que la solution matérialiste du problème du monde est étroite et fausse, on est vaguement soupçonné d’être clérical. Il faudra bien pourtant que la démocratie arrive à s’expliquer sur ces questions si hautes et si décisives ; car la politique, si bruyante et si nécessaire qu’elle soit, n’est ni le fond ni le but de la vie.

Pour moi, je ne puis laisser sans protestation les allégations des journaux cléricaux qui nous représentent comme des fanatiques d’irréligion. Cela n’est pas exact ; c’est même le contraire de la vérité. Je crois, pour ma part, qu’il serait très fâcheux, qu’il serait mortel de comprimer les aspirations religieuses de la conscience humaine. Ce n’est point cela que nous