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le considère en lui-même et indépendamment de la question bretonne, est vraiment insoutenable.

En multipliant outre mesure les Universités, il les affaiblira jusqu’au ridicule ; et un projet qui a été conçu pour accroître, en les concentrant, les forces de notre enseignement supérieur, aboutira, au contraire, à les disperser. En effet, tous les centres (sans compter Rennes) qui ont les trois Facultés et une école préparatoire de médecine, Poitiers, Caen, Dijon, Grenoble, s’efforceront évidemment, pour bénéficier du projet sénatorial, de transformer les écoles préparatoires en écoles de plein exercice ; et il y aura, non une concentration, mais une dispersion et un émiettement nouveau de nos ressources d’enseignement.

De plus, le projet sénatorial a cette singularité qu’il ne s’applique pas à des réalités actuelles. Il n’y a pas un seul centre d’enseignement en France qui réponde aux conditions minimum indiquées par la commission du Sénat. Nulle part il n’y a juxtaposition des trois Facultés et d’une école de médecine de plein exercice. Cela existait à Toulouse avant la transformation de l’école en Faculté. Cela n’existe pas ailleurs, même à Rennes. Il y a là évidemment une combinaison tout à fait artificielle et qui ne résiste pas à l’examen.

Il me semble donc que, sous la réserve de la constitution d’une Université bretonne, le Sénat doit se rallier au projet ministériel. Cette constitution est-elle