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la puissance humaine ; ils sont presque des étrangers dans la civilisation humaine.

» Les mines, les canaux, les ports, les voies ferrées, les applications prodigieuses de la vapeur et de l’électricité, toutes les grandes entreprises qui développent la puissance et l’orgueil de l’homme : ils ne sont rien dans tout cela, rien que des instruments inertes. Ils ne siègent pas dans les conseils qui décident ces entreprises et qui les dirigent ; elles sont tout entières aux mains d’une classe restreinte qui a toutes les joies de l’activité intellectuelle et des grandes initiatives, comme elle a toutes les jouissances de la fortune, et qui serait heureuse, s’il était permis à l’homme d’être vraiment heureux en dehors de la solidarité humaine. Il y a des millions de travailleurs qui sont réduits à une existence inerte et machinale. Et, chose effrayante, si demain on pouvait les remplacer par des machines, il n’y aurait rien de changé dans l’humanité.

» Au contraire, quand le socialisme aura triomphé, quand l’état de concorde succédera à l’état de lutte, quand tous les hommes auront leur part de propriété dans l’immense capital humain, et leur part d’initiative et de vouloir dans l’immense activité humaine, tous les hommes auront la plénitude de la fierté et de la joie ; ils se sentiront, dans le plus modeste travail des mains, les coopérateurs de la civilisation universelle, et ce travail, plus noble et plus fraternel, ils le régleront de