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puissance incomparable des armées de la Révolution et du premier Empire, c’est la communauté d’esprit et d’âme entre les chefs et les soldats.

Si la guerre venait à éclater en Europe, elle ne serait pas seulement un conflit militaire, elle serait avant tout un immense conflit politique. M. de Bismarck l’a annoncé bien des fois, et c’est l’évidence même.

En Belgique, où le suffrage universel est à la veille d’apparaître et où la fraction avancée du parti libéral fait alliance avec la démocratie ouvrière ; en Italie, où l’affaiblissement politique de M. Crispi donnera le pouvoir à l’élément démocratique ; en Allemagne, où le socialisme victorieux s’organise pour des développements nouveaux, il y a des ferments républicains et socialistes qu’une guerre générale ferait éclater. Les succès ou les revers de la France ne seraient pas des succès ou des revers purement militaires. Ils auraient pour une partie des peuples une signification politique et sociale ; ils seraient un signal d’espérance ou de détresse. Il n’est donc pas indifférent que l’esprit des chefs de l’armée française soit conforme ou contraire à l’esprit de la Révolution.

Mais quel remède M. Ranc propose-t-il au mal qu’il signale ? Si j’entends bien sa pensée, ce serait une sorte de retour à la politique de l’article 7. On exigerait par