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l’amour en visites

place pour tout le bronze des cloches de la ville d’Ys. Il s’agit de prendre son parti des choses mesquines, et c’est vite fait : nous vivons tous les jours sans nous en apercevoir. Mais de ce que je sais, moi seul, que les étoiles tombent pour que les rythmes poétiques changent. je ne vais point en instruire mes contemporains. Je désire poursuivre leur apparence de tranquillité par mon calme personnel, et je jouirai, les temps révolus, d’un spectacle curieux. Je serai même le principal ordonateur de ce spectacle, car la force de ma perspicacité vaut bien la force de transmission des rythmes. L’intéressant serait de ne pas m’embêter… et il n’y a toujours rien à boire ! Il fait froid, des hiboux chantent, et certains arbres m’ont l’air de marcher la tête en bas, de loin, sur des racines ramifiées en bras de clowns : mes yeux commencent à percevoir les racines aussi bien que les branches ! Je suis peut-être très malade !

… Non. mais je ne m’amuse pas. Il faut que l’homme s’amuse à l’image de son Créateur. Dieu s’amuse férocement depuis qu’il est Dieu, seulement il ne s’amusera pas long-