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l’amour en visites

avec Imbécile ? IL est temps d’inventer de nouveaux rythmes. Le rythme est un petit chemin, cadencé comme un vaisseau, qui vous mène à la grande eau ! J’aimerais mieux la belle route, tout unie, mais elle est finie. La pluie de cendres a tout gâté. Pline est mort, et enterré !…

(S’animant.)

Est-ce que détruire l’ancien rythme ne va pas faire culbuter les étoiles ? Je suis inquiet. Je porte vraiment le monde sur les épaules ! Étoiles ? Épaules ? Ça ne rime guère ! Tâchons de ne pas dévoler outre-mer[1] ! Je vois du bleu… je ne vois même plus que les cieux. Et l’herbe me monte aux jambes comme la crête et la crinière d’un serpent vicieux. Je ne me soucie plus d’aucune mesure. Je n’ai plus le loisir de ces vétilles, puisque je n’ai plus rien à faire !

Le silence est un fracas horrible. Ce sont les étoiles qui tombent… oui, j’entends fort bien cela… distinctement ! Je ne donnerais pas ma

  1. Les Jours et les Nuits, roman d’un Déserteur (Mercure de France).