Page:Jarry - L’Amour en visites, 1898.djvu/117

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
116
l’amour en visites

dire que vous êtes un… anarchiste ! Sale individu ! moi, moi, une fille honnête, moi, moi, ’votre fiancée… me mordre ! Oh ! mais vous ne comptez pas m’épouser, maintenant ! Espèce de fou furieux ! Est-ce que je vous refusais d’être un peu gentille ? Non, je vous ai permis de me donner un baiser sur le front, là, dans les cheveux, histoire de vous faire plaisir… car je pensais que vous n’osiez pas devant mes parents. (Mouvement de terreur.) Vous n’allez pas leur raconter, au moins, que je vous avais permis ce baiser sur les cheveux ? D’ailleurs, je m’en moque, je dirai que ce n’est pas vrai… Je dirai… (Elle se lève avec une dignité sacerdotale.) je dirai que vous avez voulu me violer. Oui, monsieur… c’est comme ça qu’on viole les femmes : je l’ai lu dans un feuilleton… les gens sans aveu… parfaitement, les suppôts du bagne… un homme qui mord une femme c’est une bête fauve, monsieur, on devrait le faire jeter en prison. (Elle lui montre le poing.) Vous irez en prison, c’est moi qui vous le dis ! Mon oncle Paul connaît des magistrats… entends-tu, misérable !