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ROBERTE

bien mieux qu’autrefois. Mais… Et sa physionomie se fit profondément dédaigneuse. — Je parle là un langage incompréhensible pour vous, mademoiselle… Vous n’imaginez rien au-delà de votre jolie vie facile. Nous le disions, l’autre jour, chez votre cousine Irène.

— Je l’ai su…

— Les grandes joies supposent de grands renoncements et le mot seul vous fait trembler. Vous êtes bonne, je le reconnais, exemplaire même, mais vous manquez de courage. Permettez-moi de le dire. Avez-vous jamais accompli une chose, de votre plein gré, alors qu’il vous en coûtait un peu ?

Roberte rougit et relevant la tête avec humeur :

— Qu’en savez-vous ? répliqua-t-elle, fâchée à la fin.

Aussitôt, madame Laferté éclata de rire avec son ancienne étourderie, en appliquant sa main sur sa bouche.

— Je me suis trompée, dit-elle ? Vous avez fait quelque chose ? Qu’est-ce donc, pour l’amour de Dieu ?

Déjà, toute colère s’était envolée et Roberte retombait dans sa lassitude triste. Elle hésita, puis :