Page:Janin - Les catacombes, tome 3.djvu/207

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
200
L’ABBÉ CHÂTEL

sur les quais, sur les ponts, sous les ponts, à l’Institut, à la porte des théâtres, chez les oiseleurs, chez les marchands de tulipes et de roses, chez les marchands d’antiques et de nouveautés, chez les graveurs, chez les bouquinistes, dans l’atelier du peintre, chez moi, qui écris ces lignes entouré de charmants oisifs. L’oisif n’a pas de nom, il a tous les noms ; l’oisif est de tous les âges, il est de toutes les couleurs ; il est d’hier, il est d’aujourd’hui, il sera demain, il vivra toujours ; il n’est pas de la veille, il n’a pas vécu ; l’oisif ne sait d’où il vient, où il va, où il est. L’oisiveté est plus qu’une passion, c’est une industrie ; dans une ville comme Paris l’oisiveté est plus qu’un besoin, c’est un luxe. L’oisif pose, loue, blâme, il sert d’enseigne, il annonce, il indique, il découvre, il amuse ; il sert à faire remarquer tout ce qui se dit, se vend, s’achète et se fabrique dans la grande ville, l’esprit surtout. Chaque métier a ses oisifs, chaque art a ses oisifs. chaque renommée vraie ou fausse, a