Page:Janet - Le cerveau et la pensee, 1867.djvu/71

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans M. Huxley, et Gratiolet est fort combattu dans le livre de M. Vogt.

Je ne puis entrer dans le détail de ces discussions, qui sont du ressort exclusif des anatomistes. Je dirai volontiers que l’impression qui m’en est restée est plutôt favorable à ceux qui assimilent le cerveau du singe au cerveau de l’homme qu’à ceux qui veulent y voir deux types absolument différents[1] ; mais maintenant la difficulté reste aussi grande qu’auparavant. Comment deux cerveaux aussi semblables correspondent-ils à des facultés intellectuelles si inégales ? On invoque le volume et le poids. Le cerveau du singe est en effet moins gros que celui de l’homme ; mais on a vu que ce caractère était insuffisant, puisque le cerveau de l’éléphant est de beaucoup plus gros et plus lourd que celui de l’homme. Il y a plus, si l’on prend le poids relatif, il est des singes, par exemple les ouistitis,

  1. Cependant un caractère important a été signalé par M. Gratiolet : il consiste en ce que, chez les singes, le lobe moyen du cerveau paraît et s’achève avant le lobe frontal, tandis que chez l’homme les circonvolutions frontales apparaissent les premières, et celles du lobe moyen ne se dessinent qu’en dernier lieu. Gratiolet se servait de cet argument contre la doctrine de M. Darwin. Seulement, nous dit-on, Gratiolet n’avait pas eu occasion d’étudier le cerveau des singes anthropoïdes, de ceux par conséquent qui ressemblent le plus à l’homme.