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intrinsèque du cerveau. M. Lélut exprime la même idée en disant que ce qui importe dans le cerveau, c’est moins la quantité que la qualité. D’après cette manière de voir, on doit préjuger que Gratiolet était très-opposé à la méthode qui tendrait à mesurer l’intelligence des hommes, et surtout des hommes supérieurs, par le poids de leur cerveau. « Quel dommage, dit-il ironiquement, que la méthode des pesées soit si incertaine ! Nous aurions des intelligences de 1 000 grammes, de 1 500 grammes, de 1 800 grammes ! Mais ce n’est pas tout à fait aussi simple. » C’est ici surtout que le débat entre les deux contradicteurs devient très-pressant. Quelques faits très-saillants paraissent, à vrai dire, autoriser l’hypothèse que Gratiolet condamne si sévèrement. On nous raconte que lorsqu’on ouvrit le crâne de Pascal, on y découvrit (ce sont les expressions mêmes des médecins) « une abondance de cervelle extraordinaire. » Malheureusement on ne pensa pas à la peser. Le premier cerveau illustre qui ait été pesé est celui de Cromwell, que l’on nous donne comme étant de 2 231 grammes, celui de Byron serait de 2238 gr. ; mais ces deux chiffres dépassent tellement la moyenne, qui varie entre 1 300 ou 1 400 gr.[1], que M. Lélut n’hésite pas à les déclarer apocryphes.

  1. 1 328, selon M. Parchappe ; 1424, suivant Huschke.