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Il n’est pas tout à fait aussi bien établi que le poids et la consistance du cerveau augmentent et décroissent avec l’âge. Voici comment Gall nous décrit cette évolution. Dans l’enfant nouveau-né, le cerveau ne manifeste aucune fibrille nerveuse : c’est une sorte de pulpe, de gélatine molle, noyée dans les vaisseaux sanguins. Puis les fibres commencent à se montrer d’abord dans les parties postérieures et moyennes, ensuite dans les parties antérieures. Au bout de quelques mois au contraire, les parties antérieures et supérieures se développent avec plus d’énergie que les autres parties, et alors commencent pour l’enfant l’attention, la réflexion, le langage, en un mot les facultés vraiment rationnelles. Le cerveau va toujours croissant et se développant jusqu’à ce qu’il ait atteint sa perfection, ce qui a lieu entre trente et quarante ans. Alors il y a un point d’arrêt pendant lequel il semble que le cerveau reste stationnaire, puis il commence à décroître ; il s’amaigrit, se rapetisse, s’amollit ; les circonvolutions se rapprochent et s’effacent. Affaissé enfin, le cerveau revient en quelque sorte à l’état d’où il est parti.

Je n’oserais pas contester ce tableau si saisissant et si spécieux, et qui paraît vrai dans sa généralité ; mais d’une part Gall voyait tout avec son imagination, et d’un autre côté, quand on a quelque expérience de ces questions, on sait qu’il est bien rare