Page:Janet - Le cerveau et la pensee, 1867.djvu/52

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plus petites en ont moins, et même pas du tout. C’est ainsi, par exemple, que dans le groupe des singes, les plus petites espèces, les ouistitis ont le cerveau entièrement lisse, et les saïmris presque entièrement. Or, ces petites espèces ont une intelligence au moins égale à celle des grands singes, si l’on en croit les observations de Humboldt et d’Audouin. Ce fait est décisif contre la théorie de Desmoulins. Dans l’ordre des rongeurs, qui a passé longtemps pour être presque entièrement dépourvu de circonvolutions, le cabiai a le cerveau plissé : or il n’est nullement supérieur en intelligence aux autres rongeurs ; mais il l’emporte sur eux par la taille. Il suit de ces différents faits que le développement des circonvolutions n’a qu’une signification mécanique, en quelque sorte, et nullement psychologique[1].

À la vérité, M. Ch. Dareste serait assez disposé à retourner la proposition de Desmoulins, et, comparant tous les résultats donnés par les pesées du cerveau, il croit que l’on en peut déduire cette tendance générale : c’est que, toutes choses égales, le poids relatif du cerveau par rapport à la masse du corps est plus grand chez les petites espèces que chez les grandes, toujours dans un même groupe

  1. Voyez le mémoire de M. Ch. Dareste, Bulletin de la Société anthropologique, t. III, p. 21.