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nombre, combien croit-on qu’il cite de faits héréditaires ? 23, c’est-à-dire 1 sur 7. Je demande maintenant si, en prenant au hasard 7 personnes d’un esprit ordinaire, on n’en trouverait pas parmi elles au moins une dont le père ou la mère, ou le grand-père, ou la grand’mère, ou les enfants, ou les frères, ou les cousins germains, auraient été affectés de l’une des innombrables affections que l’auteur prétend liées au génie par une racine commune. Que reste-t-il donc de l’argument de l’auteur ? Il reste ceci, ni plus ni moins : « Dans les conditions organiques, qui contribuent pour une part indéterminée à la formation du génie, il y a une part, également indéterminée, qui provient de l’hérédité d’une façon indéterminable. » En d’autres termes, nous ne savons rien, absolument rien sur les conditions physiques du génie.

Il est juste de reconnaître que le savant champion de la thèse paradoxale que nous venons de discuter a su la défendre avec beaucoup de verve et de talent. Au reste, il ne doit pas désirer qu’on loue son livre. Plus on vanterait l’originalité de ses idées et la force de ses conceptions, plus on paraîtrait vouloir le ranger au nombre de ces malades que l’histoire admire. Je ne dis pas que le cas soit si grave ; mais, à coup sûr, celui qui a fait cela n’est pas un esprit du commun : il a le droit de se ranger lui-même au nombre des esprits distingués qui