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vérité qui apparaît ; il ne peut lier les faits et les causes, les conséquences et les principes. C’est le contraire chez l’homme de génie. La méditation intellectuelle est donc l’opposé de l’aliénation. La distraction n’est qu’un accident qui peut se rencontrer incidemment dans l’un et dans l’autre état. Il y a enfin cette différence profonde et caractéristique, que vous pouvez faire remarquer à l’un sa distraction, et qu’il en sourit le premier ; mais que vous ne pouvez pas faire sortir l’aliéné du cercle d’idées où il est enchaîné.

2o Les hommes de génie sont en général d’une constitution maladive ; ils sont affligés de toutes les infirmités.

Je ne sais sur quoi l’auteur peut fonder une pareille thèse. Sans doute il nous dira que Byron était pied bot, Pope contrefait, Gibbon bossu, etc. Mais que de démentis à une telle thèse ! Que l’on jette les yeux sur les hommes les plus célèbres de notre époque. Combien d’entre eux sont remarquables par la vigueur de leur constitution ! Ajoutez qu’ils sont loin d’être difformes, et que nos dandys pourraient envier à tel poëte illustre, à tel historien, à tel savant, et même à tel philosophe, la beauté de la stature et des traits. Il est vrai que pour M. Moreau (de Tours) tout est difformité, comme tout est délire. Les uns sont trop petits, les autres sont trop grands. Washington avait six pieds deux