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Peut-être songeait-il à de vieilles amours,
et le vent, qui soufflait aux glycines d’azur,
lui apportait-il le son d’une guitare morte.

Ô ma petite amie qui t’appelais Marie,
tu n’as pas, comme moi, sans doute, sur la vie
jeté je ne sais quel regard un peu poseur
qui me fait maintenant me mourir de langueur,
mais bien sincèrement m’agenouiller. Écoute :
Tu as dû, par un beau jour d’été de Saint-Martin,
te fiancer à quelque simple et doux jeune homme.
Puis vint la noce et, aux bordures du jardin,
la servante paysanne a dû cueillir du thym
pour le repas où était le civet de lièvre.
Et puis, bien simplement, tu as donné tes lèvres
à ton mari qui est un gentil petit notaire.

Va, mon amie, tu as choisi la belle existence.
Peut-être, ce matin, lorsque j’écris ces vers,
tu te seras levée et tu auras ouvert,
avec ta fraîcheur honnête, les contrevents verts.